Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Souveraineté tunisienne

 Les criminologues attribuent la longévité de la mafia italo-américaine à sa compréhension des rouages du pouvoir et des équilibres politiques et sociaux constituant la société américaine. Ce qui fait aussi la force des « familles » c’est la grande sophistication des rapports diplomatiques qui les unient. Un épisode du Parrain, roman très documenté sur les cinq familles mafieuses de New York, illustre notre propos. Le chef du puissant clan des Corleone, Vito Corleone subit une tentative d’assassinat commandité par l’ambitieux Virgil Sollozo. La tentative échoue mais le Don est sévèrement blessé. Un conseil de guerre se réunit pour organiser la riposte. Trois visions différentes se dessinent. Sonny Corleone, fils ainé du parrain et son prétendant au « trône », d’un tempérament exalté exige une démonstration de force même si elle doit conduire à une guerre à outrance contre les autres familles du crime. Tom Hagen, conseiller du parrain, effrayé par un manque de recul dangereux du fils et contre le fait de « passionner » ce différend, recommande d’accepter une trêve même si elle doit entrainer un affaiblissement des Corleone. Michael Corleone, benjamin du parrain, se montre plus fin stratège. Pour lui accepter des pourparlers signifie une capitulation nette. Ce qui entrainerait impérativement d’autres empiétements sur leur territoire. Il préconise de frapper un grand coup et d’accepter les négociations par la suite… On ne fait la paix qu’avec un adversaire redoutable.  Ça vire à l’orange Par Mr Yellow Il y a quelque chose de bananier dans la République de Tunisie. « Une révolution fait en deux jours l’ouvrage de cent ans, et perd en deux ans l’œuvre de cinq siècles. », disait Valéry. Chronique de la dislocation de l’Etat tunisien post-indépendance.  Une souveraineté tunisienne chancelante Petit pays du Sud, la Tunisie a réussi à faire chemin après l’indépendance, en se protégeant de la voracité des grands, grâce au génie diplomatique d’un leader hors pair : Bourguiba. Etudiant dans le Paris tourmenté de la IIIème république française, le jeune Bourguiba a été à la meilleure école pour apprendre à déchiffrer les arcanes de la diplomatie internationale. Il s’assoyait à la table des négociations quand les rapports de force l’imposaient. Mais sortait les crocs quand on le prenait à la légère (se souvenir de la bataille de Bizerte). Avec beaucoup de doigté, il a réussi à rester en dehors du conflit Est-Ouest tout en tenant à distance le lunatique Kadhafi et l’hégémonique Algérie. Ben Ali, ancien du renseignement et s’appuyant sur les acquis de la diplomatie bourguibienne a réussi à protéger la souveraineté tunisienne… jusqu’à ce que ses amis le lâchent. Depuis le pays part à vau-l’eau. Instable à l’intérieur, la Tunisie est aujourd’hui incapable de protéger ses frontières. Les milices islamistes en Libye multiplient les provocations aux postes frontaliers, n’hésitant pas à prendre d’assaut nos consulats et à prendre nos diplomates en otages pour obliger le pouvoir tunisien à libérer un des leurs. De l’autre côté, l’Algérie des généraux offre une coopération au compte-goutte pour lutter contre le terrorisme. La vassalisation de notre territoire étant le premier de ses objectifs.  Quelle stratégie adopter ? La première option est de partir en guerre contre les islamistes à l’est et de tenir la tête aux algériens à l’Ouest. Avec une armée exsangue et un service de renseignement démantelé, ainsi qu’une perte d’influence diplomatique considérable, ça serait partir au casse-pipe. Deuxième option : baisser la culotte. Ça a déjà été fait lors de l’affaire du kidnapping des diplomates tunisiens à Tripoli, avec pour résultat une augmentation du sentiment d’insécurité à l’intérieur, et un sentiment d’impunité pour les agresseurs. La meilleure solution est de revenir aux fondamentaux de la politique diplomatique et sécuritaire tunisienne. Pour se protéger de l’appétit de la jeune Algérie indépendante, Bourguiba a tissé des liens étroits avec les Etats-Unis. Message transmis : nous avons des amis redoutables qui nous prtègent. Béji Caïd Essebsi a bien géré le dossier algérien. Le protocole d’accord signé avec les Etats-Unis n’engage à rien et ne touche pas à la souveraineté nationale. Tout en envoyant un message fort à Alger. Mais cela n’est pas suffisant. Pour renouer les liens avec nos alliés traditionnels, surveiller les antennes des services étrangers (ONG et autres), anticiper les attaques des groupes terroristes et démanteler leurs réseaux, contrôler les circuits financiers du crime organisé…, une unique solution : refaire confiance aux agents du renseignement, ceux-là même qui ont garanti la souveraineté de ce pays pendant plus d’un demi-siècle et l’ont rendu redoutable aux yeux de tous.  La réconciliation politique a été réalisée. On parle aujourd’hui de réconciliation économique. A quand une réconciliation avec nos forces de l’ordre ?

Voir les commentaires